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Dans leur ouvrage de vulgarisation scientifique “Lady Sapiens”, Thomas Cirotteau, Jennifer Kerner et Eric Pincas expliquent que “la préhistoire s’est longtemps écrite au masculin”. En effet, les premiers préhistoriens anthropologues (1860) étaient tous des hommes et ont longtemps calqué sur le mode de vie préhistorique leur schéma… patriarcal : la femme reste dans la grotte, prépare le repas, s’occupe des enfants et les protège … 

De la créature fragile à la femme puissante

Reconnaissant le risque de se tromper mais basant leur argumentation sur des recherches scientifiques récentes très poussées qui permettent plus de nuances dans le discours et l’interprétation, ils ont choisi de déconstruire les préjugés, passant de l’image d’une créature fragile à celle d’une femme au moins aussi active et créative que son homologue masculin … 

Nous sommes au Paléolithique supérieur, une période qui s’étend de – 40 000 à – 10 000 ans avant le présent. Ainsi et entre autres découvertes,

  • La femme était plutôt grande (1,72 m pour la Dame du Cavillon âgée de… 24 000 ans), robuste, athlétique, presque aussi musclée que l’homme. 
  • Elle avait les yeux clairs, la peau très foncée jusqu’à très récemment (5000 ans avant notre ère) et les cheveux crépus.
  • Elle participait à la chasse : un bras plus développé que l’autre indiquerait qu’elle lançait aussi la sagaie,

    • Elle avait de nombreuses activités, fabriquait et sculptait bijoux et figurines et aurait peut-être même peint les grands aurochs de Lascaux ! rien ne prouve en tous cas qu’elle n’en était pas capable … 
    • Elle n’était pas mère de famille nombreuse (pour l’époque bien sûr, à savoir 5 à 6 enfants en moyenne), et aurait eu accès à l’avortement grâce à une réelle connaissance des plantes…
    • La jeune mère pouvait répartir sa charge mentale grâce à sa propre mère notamment (rôles, âge d’enfanter, et autres notions de d’espérance de vie revues et corrigées)..

    Une société ou chacune trouve sa place

    Au paléolithique, en tous cas, et même si le modèle de société reposait sur une hiérarchisation à laquelle nous aurions du mal à adhérer aujourd’hui, chacun et chacune avait une place attribuée en fonction de ce qu’il savait le mieux faire, et pouvait exprimer son talent. Une société où les humains vivaient en parfaite symbiose … tous unis vers un seul but : une belle vie ! 

    Oui, cet ouvrage est passionnant, rouvre le débat, et laisse place, enfin, à un nouvel imaginaire  !

    “Lady Sapiens” paru aux éditions Les Arènes. 

    Un documentaire existe également sur Arte Boutique – je vous le recommande, téléchargement pour moins de 7 euros.