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Maman solo et son ado, quand la porte reste fermée.

Hier encore, des câlins, des bisous, des éclats de rire. Ce temps où nous faisions tout, allions partout ensemble. Il suffisait de dire “on y va ?” et l’équipe plus soudée que jamais, s’aventurait : en ville, au supermarché, chez le docteur, chez le coiffeur, chez mamie etc !

Ah les tendres années, les petits bonheurs simples et quotidiens ! c’est loin tout ça ! à partir de la 5eme au collège (souvent) jusqu’au  lycée, l’aventure est plus… pimentée !

D’abord de timides “m’man, j’peux rester à la maison pendant que tu fais les courses ?”

Ensuite, l’air blasé “sérieux ? tu voudrais que j’fasse les courses avec toi ?”

Enfin, la porte de sa chambre fermée H24 qui ne s’ouvre que pour un message urgent ” tu fais les courses ? prends du Caco et du Tanfa steplé”

Maman solo et son ado, c’est pas gagné !

Seule devant l’ado en crise …

Quand elle s’ouvre et pour certaines d’entre nous (pas de généralité) il s’agit alors d’entendre les premiers reproches de ce jeune adolescent souhaitant s’affirmer. Le fameux « tu » qui tue : jamais assez cool, compréhensive, ouverte, toujours trop sévère, moqueuse, chiante… bref, la panoplie de la rabat-joie, de la mère moins ceci ou moins cela que la mère des autres, un échec ! un grand moment de solitude…

Il faut l’admettre, il a 14 ans, fait 1m82, chausse du 44, il ne viendra plus se jeter dans nos bras en nous disant “maman je t’aime”.

Derrière la porte, un secret à deviner ?

A partir de là, inconsciemment notre ado nous pousse à faire le deuil du petit garçon, à le considérer différemment. Rien d’anormal.

Par rapport à d’autres sociétés proposant un rituel de passage à l’âge adulte dans le but de leur donner le sens des responsabilités, nous occidentaux subissons ces phases conflictuelles et ressentons souvent un profond désarroi.

L’absence paternelle fait cruellement défaut au quotidien depuis la séparation, et encore plus à cette période où l’on ne serait pas trop de deux pour accompagner, dialoguer, recadrer sans s’épuiser…

“Super Maman Solo” peut-elle tout maîtriser ?

La peur de “ce qu’ils vont devenir” et de ne pas maîtriser seule cet aspect nous fait parfois partir en … cacahuète.

Il faut reconnaitre que Super Maman Solo pense souvent maitriser la situation (une façon de se rassurer) en ayant un œil partout, des directives à donner. En réalité, la peur dirige : plus j’exige, plus son comportement est désinvolte. Plus je m’inquiète, plus son attitude est nonchalante.

Non l’ado ne dit jamais “- maman as-tu pris du recul sur ton histoire familiale, ta façon de m’élever depuis la séparation ? l’autorité du père qui fait défaut au quotidien ? As-tu réfléchi aux conséquences sur ton bien être mental ? sur ma construction psychique ?”. Cela nous aiderait, mais non ! définitivement non !

L’ado tranche, déborde, provoque, blesse « tu m’engueules pour un rien, je fais jamais assez bien, tu me saoules, je veux vivre avec papa » ou plus salé  « maman t’es tarée, tu cries trop ».

Tant qu’il y a de l’amour… il y a des solutions !

Sommes-nous nombreuses à réagir de manière disproportionnée à regretter certaines paroles, à culpabiliser ? étions-nous prêtes à gérer ces crises en solo ?

De toute évidence, non. Chanceuse est celle qui reste calme, ou plutôt, comprend les enjeux…

Il est possible d’apaiser la relation sans démissionner. Nous ne le savons pas forcément mais crier, exiger, rentrer en conflit est un “choix” inconscient.

En revanche, se remettre en question, observer puis discuter calmement est une décision à prendre. Elle ne résoud pas tout, certes, mais permet tout de même de retrouver le sourire !