Chronique d’une maman solo abandonnée…
Samedi après-midi, ciel gris, je broie du noir. Vautrée dans mon canapé devant Flitnex à grignoter les gressins de l’apéro des copines passées hier soir. Pas de commentaire sur mon mal de crâne sous-jacent, mon teint blafard, rien de très intéressant.
A l’écran, Bobby, un quadra fraichement divorcé, pas mal de sa personne fait un compliment à Sheryl, fraichement divorcée (un hasard complet), et d’un regard insistant, profond, intelligent, l’invite à dîner.
Je suis moins bien roulée que Sheryl certes et alors ? moi aussi j’aimerais avoir rencard avec Bobby ! d’ailleurs j’accepte. La perche tendue, enfin, l’invitation ! J’ai 3h devant moi pour gommer, épiler (2 mois de travail à rattraper), colorer (les racines), maquiller ce teint blafard, remettre la main sur ma robe noire préférée, me faire des yeux de biche, poser un rouge à lèvres très frais et partir retrouver mon joli quadra où déjà ? Copacabana…?
Solitude, une fatalité ?
Je reprends mes esprits au moment où le voisin du dessus se met à percer un mur comme un forcené. Il pleut averse, c’est samedi, c’est bricolage.
Pas un sms des copines, encore moins des gamins partis chez leur père pour la première semaine des vacances – loin des yeux loin du cœur. Mon frangin est parti en weekend, ma meilleure amie est en stage de chant tibétain à l’autre bout du département, ma mère est en Tunisie, ma sœur bosse, personne pour me réconforter. Je me sens seule, mais seule !
Une homme dans ma vie mettrait fin à ce vague à l’âme. Oui mais voilà, je n’ai pas cinq ans ni même six mois devant moi pour le trouver. Je n’attendrai pas le mariage de Marion pour avoir une minuscule probabilité de renverser mon spritz sur le costume en lin blanc cassé du seul quadra divorcé et beau gosse de l’assemblée. Cela n’existe pas.
Quand l’espoir est au bout du clavier…
Je pourrais peut-être rencontrer Bobby sur un site de rencontre ? la pierre angulaire de mon équilibre mental et affectif ?
Car de tout évidence, si certaines tentent d’accrocher un regard sur la ligne 11 chaque matin, simulent l’approche fortuite d’un papa à la sortie de l’école ou provoquent le maître nageur de leur fils tous les lundis soir, à elles de constater qu’en réalité, ces messieurs ne sont pas interessés !
Et même s’il faut passer par 8 bonhommes décevants, rigolos ou navrants, les probabilités de vivre à nouveau la magie d’une rencontre grâce à internet sont bien plus élevées !
Sheryl et Bobby ne détiennent quand même pas le monopole du baiser sur la plage sous un ciel rougeoyant… bon ok, me concernant, ce serait plutôt un petit verre de blanc offert par JM92 au bistrot d’à côté et alors ? Bobby avait les dents trop blanches de toutes façon .. ça ne pouvait pas coller !
Allez je me lance. Je réfléchis d’abord un minimum à mes attentes. Il n’est pas question de tomber sans fin sur le même genre d’hommes. C’est le moment de comprendre comment je fonctionne. Puis je mobilise un peu de temps, quelques euros et j’affiche mon profil de manière authentique… quelques clics, quelques rencontres et la solitude n’est plus…